Vers la fin de sa vie, Baudelaire a "rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience", ainsi qu'il l'écrit à Arsène Houssaye. C'est cet idéal qu'il poursuit dans Le Spleen de Paris (1869), recueil posthume de cinquante "petits poèmes en prose", qui marque l'avènement d'un nouveau genre.
Etroitement liée à la grande ville, l'oeuvre révèle les paradoxes d'un poète tour à tour lyrique et cynique, résigné et révolté, et constitue un hommage moderne au pouvoir des images qui fascinera, entre autres, Mallarmé, Rimbaud, Laforgue ou encore Reverdy. En 1847, alors qu'il n'en était qu'au début de sa carrière d'écrivain, Baudelaire publia La Fanfarlo, court récit mettant en scène Samuel Cramer, autoportrait ironique de l'auteur.
De cette unique nouvelle au Spleen de Paris, le poète ne put se défaire de la tentation de la prose.