Lhomme est sans doute le seul animal à commettre deux fois les mêmes erreurs. Il est aussi lunique à fabriquer le pire et à le dépasser sans cesse. À observer le monde comme il va, on hésite alors entre les larmes et le rire.
Jai choisi dans Inhumaines de maffubler dun nez rouge, dexagérer le vrai pour en saisir latroce. Ma volonté était de cette façon de tempérer la cruauté née de notre société en la croquant de façon grotesque, ce qui permet de sen moquer, en espérant contribuer à la corriger aussi, même si je nai guère dillusion sur ce point : restons modeste.
En 2000, javais déjà écrit un roman, Jabandonne, sur la vulgarité de notre monde et sa bêtise. Cela ne me faisait pas rire à lépoque, et le texte était serré comme un coup de poing. Avec le temps, jai préféré lhumour et la satire, comme dans Le Paquet ou dans LEnquête, pour dire comment nous allions droit dans le mur, un mur plus solide que nos pauvres caboches.
Je suis convaincu quil est des situations où la littérature doit se transformer en papier de verre pour décaper les cervelles : cela fait un peu mal au début mais cela chatouille aussi. Et après tout, à mon très petit niveau, je ne fais avec ce roman de moeurs que minscrire dans un sillon tracé depuis longtemps par des aînés prestigieux, Pétrone, Rabelais, Molière, Voltaire, Villiers de LIsle-Adam, Jarry, lApollinaire des romans érotiques et absurdes, Georges Fourest, les Surréalistes, Ionesco, Roland Topor, Pierre Desproges et bien dautres qui se sont
servis de loutrance et de la farce pour transcrire nos errements, et amuser leur public en le déshabillant