Des vertus, on ne parle plus guère. Cela ne signifie pas que nous nen ayons plus besoin, ni ne nous autorise à y renoncer. Mieux vaut enseigner les vertus, disait Spinoza, que condamner les vices : mieux vaut la joie que la tristesse, mieux vaut ladmiration que le mépris, mieux vaut lexemple que la honte. Il ne sagit pas de donner des leçons de morale, mais daider chacun à devenir son propre maître, comme il convient, et son unique juge. Dans quel but ? Pour être plus humain, plus fort, plus doux. Vertu cest puissance, cest excellence, cest exigence. Les vertus sont nos valeurs morales, mais incarnées, autant que nous le pouvons, mais vécues, mais en acte : toujours singulières, comme chacun dentre nous, toujours plurielles, comme les faiblesses quelles combattent ou redressent. Il ny a pas de Bien en soi : le bien nexiste pas, il est à faire et cest ce quon appelle les vertus. Ce sont elles que je me suis données ici pour objet : de la politesse à lamour, dix-huit chapitres sur ces vertus qui nous manquent (mais point totalement : comment pourrions-nous autrement les penser ?), et qui nous éclairent. A. C.-S. Ancien élève de lÉcole Normale Supérieure et agrégé de philosophie, André Comte-Sponville fut longtemps maître de conférences à lUniversité Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il se consacre aujourdhui à lécriture. Il a également publié, aux puf, un Traité du désespoir et de la béatitude et un Dictionnaire philosophique.