Après trente ans de travail acharné, Stendhal est digne d'improviser ; il sait peindre d'un premier trait, d'un seul trait. Il a lentement créé cet instrument de prose rapide, qui est lui-même : son style le plus parfait est devenu sa voix naturelle. L'originalité n'est plus un but qu'il se propose : elle est en lui... La revanche imaginaire, ce rêve de compensation qui succède à la douleur de l'échec et en marque la convalescence, est un des excitants les plus forts de l'imagination créatrice. C'est sous cet aspect de revanche imaginaire qu'il faut voir la transposition de Stendhal en Julien, la beauté de Julien, sa minceur. Les souvenirs directs gardent leur accent secret et déchirant parce qu'ils sont placés parmi les enthousiasmes de la revanche imaginaire.