Il avait plu tout le dimanche : «"Revoir Paris." Arrivé à la gare du Nord, monsieur Spitzweg se surprend à siffloter la chanson de Trenet. Ah oui ! finalement, c'est surtout pour ça qu'il est parti. Dans la rumeur de sept heures du matin, une grande bouffée de Paris lui monte au coeur, et c'est plus fort que toutes les vagues de la mer du Nord. Il prend un café sur le zinc, dans les annonces des haut-parleurs : "Le T.G.V. 2525 à destination de Bruxelles partira de la voie 8..." Mais on peut bien parler d'ailleurs, Arnold sait désormais qu'il est ici. Cette désinvolture du serveur, l'odeur des journaux frais, un je-ne-sais-quoi de parisien dans l'arôme du café...» Monsieur Spitzweg s'échappe : «Les premières fois, Monsieur Spitzweg s'est contenté d'un petit quart d'heure de footing - juste le temps que les poumons lui brûlent. [...] Deux cent cinquante mètres de tour, c'était bien assez pour un effort mal réparti qui ne lui procura d'abord aucun plaisir. Mais, au bout de quelques semaines, il apprit à reculer un premier seuil de fatigue, puis se surprit à compter le noombre de tours, à les convertir en kilomètres. Douze tours en quinze minutes, oui cela faisait bien du douze kilomètres à l'heure - rien d'affolant, mais déjà une allure moins dérisoire. Le virus était pris. Arnold Spitzweg avait entrepris son combat contre le temps.» Quelque chose en lui de Bartleby : Arnold Spitzweg crée son blog : l'employé de bureau discret jusqu'à l'effacement cède à la modernité mais sans renier ses principes. Sur la toile, à contre-courant du discours ambiant, il fait l'éloge de la lenteur. Ses écrits intimes séduisent des milliers d'internautes.... Comment vivra-t-il cette subite notoriété ?