« En deux coups de crayon, un pour les pauvres, un pour les riches, Tignous décrit l'humanité. Et on n'a pas envie d'en être. Mais regardons toujours. Surtout, regardons de l'endroit d'où Tignous dessine, lieu semblable à ces gabions qui, dans les réserves naturelles, permettent d'observer la faune sans l'effaroucher. Que voyons-nous par la fente ? Une jungle, mais sans fleurs luxuriantes ni cacatoès multicolores. Une jungle-décharge où les détritus s'organisent en lieux de vie avec mouches. De cette misère que le trait de Tignous festonne, s'élèvent cris et gémissements et, pire que tout, des mots d'espoir. Çà et là un ricanement révèle la présence d'un riche. Le dessin de Tignous nous montre que notre environnement rassurant n'est que trompe-l'oeil, fausse perspective, toile peinte, cache-misère. C'est l'univers outré, grotesque, affligeant et brutal de son dessin qui est la réalité. Le pauvre n'a rien, le riche a beaucoup. Toute autre analyse n'est que papelardise de JT. » Gébé.